Jacques BIBONNE

VERNISSAGE :

Le jeudi 3 février 2022 de 18h30 à 21h

EXPOSITION :
Du vendredi 4 au lundi 21 février 2022
Tous les jours de 13h à 18h sauf mercredi

JACQUES BIBONNE

A propos de sa série du confinement et d’un tableau en particulier.

Andrew Wyeth peignait des portraits et des figures mais Jacques Bibonne ne représente pas l’humain. Les tableaux « Groundhog day », 1959 de Wyeth et « La terrasse de Michel » , 1981- 2017 de Bibonne les font se retrouver dans ces deux œuvres qui évoquent fortement la présence humaine sans la figurer directement. Jacques est comme Hokusai qui disait : « Avant quatre vingts ans, je n’étais pas bon, maintenant, c’est pas mal ». Ce n’est pas une posture chez le peintre des fusains , il est vraiment comme cela, Jacques. C’est d’ailleurs un peu déconcertant pour ses intimes, une telle modestie qui va de pair avec son talent que je qualifierais de proche de la terre.

C’est de loin le peintre de ma connaissance qui est le plus en amitié avec les choses de la nature. Son œil est aux aguets, il remarque ce que les autres ne voient pas. Il est le metteur en scène des petits riens. Il déniche toutes sortes d’objets, rebuts du temps et en cela d’autant plus émouvants. Il les accumule dans son atelier et ils finissent tous comme d’humbles modèles de toiles où le peintre alchimiste les associe ou les représente en solitaire. Ainsi dans sa série du confinement retrouve-t-
on un vieux paquet de Gauloises bleues, un crâne, une pierre à la curieuse forme, des figurines en bois etc. Cette activité de glaneur s’exerce en parallèle a son activité de paysagiste transposant patiemment ses carnets d’aquarelles et de dessins sur des tableaux faits a l’atelier.

Ce sont néanmoins les deux faces d’une même pièce, mot synonyme d’intérieur et d’espace où l’on vit, qu’il représente également dans les différentes vues de son atelier ou chez ses hôtes à la campagne. Ce qui nous ramène tout naturellement à son tableau de la Drôme, chez son ami Michel où le petit salon donne sur le beau paysage. Une terrasse représente la transition vers une colline herbeuse surplombée par un ciel bleu immaculé. La lumière naturelle donne à la pièce une matière
laiteuse.

Il a mis presque trente ans à achever son tableau. Il évoque de façon poignante le souvenir de son ami disparu chez qui il a fait de nombreux séjours et peint plusieurs versions de cette pièce et de cette fenêtre ouvrant sur un paysage primordial. Le tableau qui nous occupe fut donc long à venir et se constitue de couches successives. L’ajout du verre de vin sur la table était ce qui manquait au tableau pour signifier les vrais sujets de cette peinture que sont l’amitié, la fugacité de la vie et la calme permanence de la nature.

Thomas Ivernel. Paris le 29 décembre 2021